Pourquoi le cartable de nos enfants est-il aussi lourd ?
Le sac d'école une question cruciale de santé
Il y a quelques années en 2014, j' avais collaboré à un site éducatif par un billet.
Il m'a semblé intéressant de reprendre ce texte pour cette nouvelle année scolaire au sujet des sacs d'école trop lourds.
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La question est a priori moins prégnante au Québec, puisque les élèves ont souvent des casiers, mais en France, il s’agit d’un véritable problème … de santé publique malgré une circulaire ministérielle relatée dans cet article de Louise Touret, Le poids de la tradition des cartables trop lourds (du 18 septembre 2013) sur Slate.fr.
illustration de Nathalie Jomard
C’est un mal semble-t-il nécessaire, plus un élève est jeune, plus son cartable est lourd à partir du primaire bien-sûr !
J’ai souvenance d’un professionnel qui disait à un enfant qui s’interrogeait sur le fait que le cartable d’un élève de primaire soit plus lourd que celui d’un élève de lycée (CEGEP pré-universitaire) : « parce qu’en primaire on a plus de choses dans le sac que dans la tête et au lycée c’est le contraire ! »
Cela peut effectivement porter à sourire, c’est aussi un peu vrai, disons qu’au lycée on a appris plus de choses en en avoir retenus une certaine partie.
En tant qu’enseignant, on ne se rend pas forcément compte du calvaire que vivent nos élèves avec parfois plus de 10 sur le dos. Imaginez la vie de cet enfant quand l’établissement est pourvu de plusieurs étages dans un labyrinthe innommable. La question ne se posait pas en orthopédagogie dans le secondaire, où les élèves rivalisaient pour venir avec le plus petit cartable possible. Voici la caricature que nous observions : un grand gringalet avec une casquette, un des bas du pantalon remonté sur le genou et un petit sac à dos digne de celui d’un enfant de maternelle. C’en était ridicule mais cela renvoyait à bien d’autres choses que la simple mode, je pense !
C’est en tant que maman que la question s’est d’emblée imposée à moi, en effet une attitude scoliotique (pas encore une scoliose) a été diagnostiquée pour un de mes enfants, alors en début de secondaire. Ce fut un mal pour un bien, puisqu’elle a eu droit à un demi-casier, dans cet établissement, c’était possible « ouf ! ». C’était déjà cela de gagné !
Une polémique existe en France depuis quelques années, quant aux très grands cahiers que les médias fustigent comme étant la cause de la lourdeur des cahiers. Ces cahiers sont vraiment pratiques : pas besoin de couper les photocopies. À mon sens, c’est un faux problème et je m’explique.
État des lieux
Je voudrais vous faire part de mes années d’enseignement en primaire.
Lors de ma première année, après avoir passé deux ans en maternelle en tant que titulaire et auparavant trois ans en collège (secondaire), je me retrouvais donc dans une école élémentaire*. J’avais donc hérité du matériel demandé aux élèves par l’ex-enseignant(e), aussi ai-je dû m’adapter aux fameux cahiers de couleur, et ce fut possible grâce à mes élèves qui m’ont été d’un grand secours :
– Rouge pour … le cahier du jour ?!
– Jaune pour … le cahier de poésie ?!
– Bleu pour... ?
– Rose… ?!
Et bien d’autres, puisque toutes les couleurs y passaient. Je pense que ce système est une tradition que nous perpétuons inconsciemment, par habitude, depuis nos propres années en tant qu’élèves. J’avoue que j’ai conservé ce système pendant deux ans, puisque j’avais gardé une partie de mes élèves sur deux ans (classe à double niveau) et qu’ils continuaient d’utiliser les cahiers qui pouvaient l’être comme en poésie par exemple. Dès la seconde année, j’avais opté pour un gros cahier de projets incluant les différentes activités pédagogiques nécessaires pour mener à bien ce projet.
En effet, si pour faire une visite il fallait faire un courrier, on mettait dans cette partie du cahier tous les éléments d’une lettre :
– la superstructure de la lettre en production d’écrits,
– l’étude des temps nécessaires pour le courrier ou avec un rappel grâce à un glossaire indépendant par exemple
– les formulations de politesse …
Je pense qu’aujourd’hui, je fonctionnerais davantage par dossier cartonné dans lequel se trouverait une table des matières pour chaque projet, les fiches-outils de relecture, les cours… et lorsque le projet serait fini, classement dans le classeur d’un sommaire plus général à compléter au fur et à mesure (le tout étant à travailler en méthodologie). J’utiliserais effectivement davantage les index, les glossaires et autres fiches-outils indépendants. En plus des cahiers, il y avait les livres, un pour : la lecture, la grammaire, les maths et que j’utilisais très peu … c’est en secondaire que la tendance s’inverse puisque les livres sont plus nombreux que les cahiers et tout est proportionnel au niveau de classe. La plupart du temps, on demande aux élèves d’apporter chacun son livre.
Des solutions ?
– N’est-ce pas plus simple de ne prendre que des protège-cahiers transparents et d’adapter chaque cahier selon son objet avec une inscription lisible de la matière mais aussi de le faire décorer en arts plastiques ? Cette solution concerne davantage le problème des protège-cahiers que celui du poids du cahier, je vous le concède !
– Pourquoi les enseignants font-ils acheter chaque année un nouveau cahier de poésie ? Ne serait-ce pas plus intéressant même pour les enfants de conserver un seul et même cahier de poèmes pour toute leur scolarité primaire, à la rigueur avoir un cahier en maternelle et un en élémentaire. Cela permettrait aux enseignants de savoir quels poèmes, leurs élèves ont appris les années précédentes et serait émouvant de voir l’évolution des poèmes, des illustrations, de l’individu en somme. Ce pourrait également être le cas pour les autres cahiers, si vraiment il faut conserver une foultitude de cahiers.
Et dernières solutions, je risque le pilori en avançant cela :
– Pourquoi avoir un livre pour chaque matière, quand on ne l’utilise que rarement ? Pourquoi pas un livre unique résumant chaque partie ? En outre les élèves pourraient l’apporter à tour de rôle par binôme, l’un l’apporte un jour, l’autre le cours suivant, se pose la question des absences (eh bien, il n’y a que des solutions : que l’enseignant ait un exemplaire supplémentaire ou que l’élève suive avec lui ?!).
(Désolée, là vraiment, je cherche la guillotine !)
Le poids du cartable reflète-t-il vraiment une nécessité pédagogique ?